Architecture contemporaine de Lot-et-Garonne

Panorama 20e & 21e siècles - Lot-et-Garonne

Fiche

Caisse Primaire de Sécurité Sociale (CPAM de Lot-et-Garonne)

Construction publique

Commune

Agen (47000)

Adresse

2 rue Diderot

Maître(s) d'œuvre

Pompey Jacques

Maître d'ouvrage

SCI Armand Fallières

Année de livraison

1978

Période de réalisation

1975-1990

CPAM de Lot-et-Garonne détail de la toiture © CAUE 47

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Les façades sont entièrement revêtues d’un mur-rideau en aluminium anodisé © CAUE 47

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L’auvent et l’escalier de l’entrée sont visibles sur ce cliché du 3.9.1979 © Pôle Mémoire et Archives / Agen.

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L'auvent et l’escalier de l’entrée ont été supprimés dans les années 2000 © CAUE 47

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CPAM de Lot-et-Garonne - 3.08.1978 © Pôle Mémoire et Archives / Agen.

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Soubassement en retrait traité en plots de béton architectonique © CAUE 47

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A l’emplacement de l’ancien carmel, construit en 1841, un ensemble immobilier composé de logements et bureaux intègre l’immeuble de la Sécurité Sociale. Reposant sur une structure en béton, ce bâtiment construit à la fin des années 70 accueille hall public et bureaux sur plusieurs plateaux autour d’un patio et dispose d’un niveau de terrasse accessible. Il présente sur l’ensemble de son périmètre un mur-rideau en verre dont la composition géométrique s’inspire du nombre d’or.

En savoir +

Au début des années 70, l’entrepreneur Jean-Pierre Marboutin engage une des plus grandes opérations immobilières de la ville d’Agen, avec celle de l’îlot de rénovation n°5, à l’emplacement de l’ancien couvent des carmélites, face à la place Armand Fallières, sur un terrain de plus de 7800 m2. L’opération est en effet idéalement située, au cœur du centre administratif d’Agen où se trouvent aujourd’hui préfecture, tribunal d’instance et prison. Elle est composée de 5 immeubles différents (cf plan de masse) essentiellement à vocation de bureaux. Un des immeubles, de forme carrée, accueille toutefois  au centre de l’ensemble immobilier, 26 logements sur 6 niveaux. Le plan de masse prévoit de préserver au maximum les arbres du jardin de l’ancien carmel. Au moment des démolitions, la « découverte » des vestiges du théâtre gallo-romain d’Aeginum est l’occasion de s’interroger sur les conditions de leur préservation et sur la valorisation du site. Toutefois, l’essentiel des pièces trouvées lors des fouilles sont rapatriées au Musée d’Agen dont une importante mosaïque.

L’architecte Jacques Pompey développe pour concevoir la Sécurité Sociale une surface hors œuvre nette de 5 552 m2 auquel se rajoutent 1800 m2 de parking en sous-sol. L’immeuble de forme rectangulaire épouse l’angle formé aujourd’hui par la rue Paul Arjo et la rue Diderot, ménageant devant sa façade d’entrée un espace de stationnement. J.Pompey  a lui-même relevé les façades de l’ancien carmel et des immeubles privés donnant sur la place Armand Fallières ; le prospect de son nouvel édifice respecte la hauteur générale constatée initialement.

Les caractéristiques de l’immeuble consistent en :

  • une structure en béton armé (poteau, poutres et planchers nervurés) sur une trame de 7.20 par 10.80 m, qui laisse les façades libres ;
  • un soubassement en retrait, correspondant au rez-de-chaussée inférieur (1 /2 sous-sol) traité en plots de béton architectonique (ce béton est obtenu avec des matrices de coffrage dont les surfaces internes sont texturées) ;
  • une entrée monumentalisée par la présence d’un auvent (qui n’existe plus aujourd’hui) et un large escalier en béton de pierre reconstituée lui-même bouchardé ;
  • des façades entièrement revêtues d’un mur-rideau en aluminium anodisé dont les panneaux composent une trame géométrique inspirée du nombre d’or ;
  • un grand patio central avec jeux d’eau, gros galets de granit et plantations, qui contribue à l’éclairement naturel et à l’agrément des bureaux des étages au cœur de l’édifice ;
  • enfin, au dernier niveau, une terrasse traitée en retrait avec terrasse-jardin partielle, réalisée en structure métallique avec couverture en acier animée par des décrochements, des jeux de pentes en opposition et de toits plats.

Sur le plan du programme, la CAF possède sa propre bibliothèque, ses salles dédiées à la détente et un restaurant d’entreprise qui sont installés sur la terrasse accessible.

Dans le hall accessible au public, l’escalier courbe intérieur qui conduit aux étages est mis en scène face à l’entrée ; la dynamique de cet espace est créée par l’implantation des caisses d’accueil et des cloisons de verre en redent qui privatisent les boxes d’accueil des publics bénéficiaires.

Elément essentiel du projet, le mur-rideau est composé d’un quadrillage à ossature aluminium, rythmée verticalement par des montants saillants et horizontalement par des traverses. Montants et traverses dessinent des séries ternaires de figures quadrangulaires se succédant horizontalement selon le rythme suivant : 123-123 …Ce rythme issu du nombre d’or contribue à la perception changeante de la façade, perception accentuée par le parti chromatique.Pour les tons de verre, l’architecte a choisi une gamme de tons harmoniques de tonalité foncée. La teinte claire des montants en aluminium contraste avec le verre émaillé brun et la vitrerie pare-soleil de couleur bronze. Ces teintes atténuent la brillance du verre pour mieux en exploiter l’effet de miroir.

Dans les années 2000 à 2010, l’auvent ainsi que l’escalier de l’entrée sont supprimés, le hall d’accueil repositionné au niveau du terrain naturel (accessibilité) est remanié et la nouvelle entrée se singularise par le choix d’une gamme chromatique différente (aussi bien pour les traverses aluminium que le verre).
Encore aujourd’hui, par le choix d’un volume épuré et un travail sur la couleur, par les jeux de reflet des platanes sur ces façades, on peut faire le constat que l’architecte a réussi l’intégration de ce bâtiment contemporain dans un contexte patrimonial fortement marqué par les bâtiments de la Préfecture, hérités du 18° siècle.